HISTOIRE

Ancienne commune de Plantières-Queuleu

 

Plantières, communauté rurale des faubourgs de Metz (vouée aux jardins) et son écart Queuleu (affecté aux vignes) furent rattachés à la ville le 1er avril 1908, selon une ordonnance de l’Empereur d’Allemagne Guillaume II du 26 mars de la même année.

Situés de part et d’autre de la voie romaine allant de Metz à Strasbourg, les deux territoires ont probablement été peuplés dès cette époque par un habitat dispersé au milieu des plantations. Une petite nécropole existait aussi.

Si les auteurs semblent d’accord sur l’étymologie de Plantières (in Plantaris ou Planteris 1161, Plantier ou Plantierre 1756, en patois Plantîre) : endroit peuplé de jeunes plants (certains précisent de pépinières ou de plants de vignes) les interprétations les plus fantaisistes existent pour Queuleu dont la forme la plus ancienne est « vineas in Cuelido », ou « in Cuclido » au Xe siècle. Pour les uns cela signifierait « coucou » ou « capuchon », ou une plante, un animal, ou encore une petite hauteur (Aculeum), pour d’autres, cela viendrait du nom d’un homme « Cullius », ou de terres négligées où la culture est en retard (« en queulé » ) jusqu’à l’inénarrable déformation d’à « la Queu leu leu », à cause des processions en file indienne. Si l’on trouve aussi les formes anciennes de Culoit ou Keuleu (XIIIème siècle) ou Queuleu en 1653, nous lui laisserons son mystère nous contentant d’affirmer que ce lieu-dit a toujours appartenu à la communauté de Plantières et fait partie avec elle jusqu’à la révolution du Ban des Treize de la ville de Metz. Le maître échevin de la cité était le seul seigneur des lieux avec droits de justice haute, moyenne et basse.

Plantières fut constituée en commune en 1790, dans le canton de Borny, puis en 1795 dans celui de Vallières et depuis 1802 dans le 2ème canton de Metz. Lors du recensement de l’an IX et de l’an X (1801-1802) on n’y comptait que 25 chefs de famille et 91 habitants, dans les maisons dispersées au milieu des jardins et des vignes. Le Dictionnaire du département de la Moselle de M. VIVILLE, en 1817, signale 93 habitants, 21 maisons éparses pour Plantières, 345 hectares de terres productives dont 136 en vignes et 87 en jardins. Il précise que c’est sur ce territoire que les jardiniers de Metz ont leurs pépinières, Queuleu n’est alors qu’un « petit hameau situé dans un fond, à gauche de la Seille ».

Le 4 juillet 1834, le cimetière de l’Est est inauguré et béni, vaste nécropole de la ville de Metz, installée sur le territoire de Plantières. La commune voit alors s’installer des entrepreneurs en monuments funéraires et des ouvriers, tandis que sur Queuleu s’installent des officiers retraités, artisans et rentiers dans des maisons de campagne au milieu des vignes. Il y a également un fort accroissement des débits de boisson au XIXe siècle.

En 1844, d’après la statistique du département de la Moselle de VERONNAIS, Queuleu compte 143 habitants et Plantières 376. Il y a 87 maisons habitées « disséminées dans toute l’étendue de la commune et un grand nombre de loges en planches dans les jardins et dans les vignes ». Le territoire productif est alors de 333 hectares, dont 65 en terres labourables, 136 en vignes, 45 en jardins de plaisance, 34 en pépinières, 35 en prés, 2 en pâtures et 3 en oseraies. Le ruisseau de la Chenau passe dans la commune où sont situées les célèbres pépinières SIMON frères. Les autres productions sont le blé, l’orge, la pomme de terre, les légumes et le vin. Il y a de nombreux restaurants et salles de danse fréquentés par les ouvriers et les militaires de la garnison de Metz, une tannerie et une brasserie près de la porte Mazelle, une tuilerie sur le chemin de Queuleu. Il n’y a encore dans la commune ni paroisse, ni école. Les élèves fréquentent les établissements de Metz.

Le « supplément à la Statistique Historique, Industrielle et Commerciale » de VERRONNAIS de 1852 précise qu’outre deux abreuvoirs, un lavoir et une fontaine publique, des puits et pompes existaient dans toutes les maisons et jardins. On y élevait peu de « bestiaux et de volailles ». Le gibier était peu abondant, on y trouvait toutefois des lièvres, des cailles, des perdrix et des alouettes. En plus des industries citées plus haut, s’étaient installés une huilerie, neuf marchands de bois, trois chantiers de pierre de taille. On insiste à nouveau sur les jardins d’agrément servant de délassement aux habitants de Metz, un grand nombre de cabarets, de salles de danse et de restaurants faisant noces et festins.

VP1070951p

Queuleu en 1900

C’est seulement dans les années 1860 que Plantières se dotera d’une mairie, d’une école, d’une église (située sur Queuleu, bénie en 1863, restaurée en 1892, remplacée en 1912-1923 par l’église actuelle de Queuleu). L’Annexion à l’Allemagne (1871-1918) verra la construction d’une nouvelle école (1907) et d’un temple protestant, ainsi que le développement de l’urbanisation, surtout sur Queuleu. Les soldats étaient très présents : après la construction du fort de Queuleu (1868) et des casernes Grandmaison (1902), le vaste hôpital militaire Legouest est édifié dans les années 1920. L’habitat résidentiel n’a cessé de se développer jusqu’à nos jours (davantage sur Queuleu que sur Plantières. Le petit hameau des bords de la Seille a pris sa revanche sur la communauté mère : 12.500 habitants à Queuleu en 1982, contre 3.000 à Plantières) sous forme de petits immeubles ou de maisons individuelles. Plantières ne devint une paroisse indépendante de Queuleu que dans les années 1950 avec la construction de l’église Saint Bernard (1952-1955).

DSCN3535  DSCN3541

le temple de Queuleu  et l’église de l’Immaculée Conception en 2015

Mais entre-temps, elle avait cessé d’être commune pour devenir un simple quartier de Metz. Rattachée à la ville en 1908 alors qu’elle comptait environ 2000 habitants, …. » »

Jocelyne BARTHEL
Conservateur.
(juin 1999)
Archives Municipales de Metz,

Avec nos remerciements !